Chronique de l'album Polaris trouvé sur le site
www.obskure.comLes changements de line-up sont coutumiers au groupe finlandais. Pourtant, le dernier est un bouleversement puisque c'est cette fois ci le membre fondateur, guitariste et compositeur exclusif de Stratovarius, Timo Tolkki qui s'en est allé vers d'autres cieux... musicaux, laissant à Timo Kotipelto le soin de poursuivre son œuvre speedée...
Autant donc vous dire qu'on attend ce nouvel album au tournant presque tout autant qu'on attendait celui de Revolution Renaissance, en fait.
Ma première impression fut mitigée tant les morceaux ressemblaient à..... du Stratovarius (normal me direz vous...) : pas mauvais en fait mais pas génial non plus.
Persévérante et surtout charmée de retrouver le timbre mélodieux du sieur Kotipelto, j'ai ensuite eu une excellente surprise. Au fil des écoutes, les titres prennent une tout autre dimension, ouvrant un nouveau paysage musical pour le combo aux abords plus sombres, sans non plus renier ses origines speedées et pleines d'émotions.
L'album déborde en fait de morceaux riches en atmosphères différentes qui peu à peu prennent forme, se transcendant même pour nous offrir des tableaux recherchés et des ambiances vaporeuses, limite mélancoliques.
Comme par le passé, les duos claviers/guitares sont légion dans l'antre des Finlandais, qui n'en oublient pas pour autant les refrains capables d'hypnotiser l'auditeur des heures durant.
D'accord, on pourra reprocher à "Emancipation Suite : I Dusk" son faux air ethnique façon "Pharao", ou à "When Mountains Fall" sa filiation avec un" Forever" mais finalement... pourquoi accuser Stratovarius de faire du Stratovarius ? Avec ce premier opus sans Sieur Tolkki, le groupe joue sobrement la carte de la continuité, histoire de montrer que même sans le maître, le combo est capable de maestria créatrice.
Verdict : même sans ledit gourou des six cordes, le combo s'en sort bien, très bien même. Les guitares du jeune Matias Kupiainen sont tantôt véloces tantôt porteuses d'une chaleur bienfaisante, parfois même délicieusement lourde façon Heavy traditionnel. Les lignes vocales sont plus pertinentes que jamais et les mélodies inspirées n'égalent certes pas un "Black Diamond" ou "un Kiss of Judas" mais annoncent une renaissance évidente. Il ne faut pas oublier que même si "Polaris" est le 13ème essai du combo il s'agit là du début d'une nouvelle aventure. Et dans cette optique, il faut bien laisser le temps au Stratovarius nouveau de trouver ses marques sans lui jeter de suite un regard assassin.
Pour résumer, globalement l'album se veut plus heavy, et ce n'est pas pour me déplaire. Les descentes de manche speedées s'y multiplient, et leen outre preuve d'une maîtrise vocale imparable, sans en faire trop dans le suraigu comme cela était souvent le cas sur les derniers opus de l'ère Tolkki.
J'ai adoré tout autant l'alliance clavecins/ choeurs / chant du superbe "Forever is Today" - décidément du grand Stratovarius - que la lourdeur d'un "Emancipation Suite : I Dusk", magistral dans sa conception et son exécution, ou du riff d'un "Falling Star".
Je suis entrée dans l'ambiance malsaine presque atmosphérique d' "Emancipation Suite : II Dawn" où Timo nous transporte vocalement dans des contrées embrumées où les mélodies sont reines.
Tout est posé royalement , à la fois homogène et diversifié, au sein de cet album jouant à la tantôt sur la corde sensible de l'auditeur comme avec la belle ballade "When Mountains Fall" tantôt sur son penchant pour les avalanches de notes. "King of Nothing" brille par son intro instrumentale narrative et son approche guitaristique pachydermique, alors que "Blind" s'offre avec la délicatesse du jeu coutumier à Jens Johansson, pour exploser avec la force de sa rythmique très scandinave. Chaque titre à ce petit quelque chose qui fait qu'on accroche jusqu'au bout de l'écoute et qu'on en redemande même....
"Polaris" est finalement le meilleur album de Stratovarius depuis une bonne décennie, l'absence de Tolkki étant plutôt salvatrice en fin de compte pour le groupe qui n'aurait certainement pas survécu à l'omnipotence du guitar hero. Bien dans l'air du temps, le groupe a su grandir fort de son expérience tout en n'oubliant pas qu'avant de flatter son ego, un album doit trouver le chemin de cœur de son public... en cela, le pari est réussi à 200 % !
Mer 11 Fév - 10:48
